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II. Qui sont les poètes?



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Cours en différé du 26 février 2011- Partie 2 - Cours9 de Bernard Stiegler

Prise de notes - Partie 2


Le héros survit et revient de temps en temps à travers un démon, tout à coup Socrate est entrain de parler et Socrate s'arrête de parler.

Il y a un démon qui vient il est habité par un héros qui lui coupe la parole. Arrête! C'est ce que Blanchot appelle le savoir impersonnel qui va ressortir. Il lui a coupé la parole, il a commencé à parler trop comme un mortel ordinaire. Il va lui couper la parole. Arrête, de bavarder, commence à parler, ce n'est pas la même chose. Et à ce moment-là, le démon prend la parole à travers Socrate via Socrate. Car en fait les vivants, qui sont les vivants héroïque, ce sont ceux qui sont habités par les héros d'avant. Et qui les communiquent, qui les transmettent. Chez Freud, cela s'appellera le "sa". Le lien qui fait le lien entre le conscient et l'inconscient, c'est fondamental. En psychanalyse, l'inconscient est constitué par des fantômes.

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Texte: Le printemps - Pourquoi un viol est à l'origine de l'agriculture? Nous ne sommes pas coupables mais responsables et il va falloir bosser... ce qui va emmener à la discorde : La Pomme.

soi Comme il y a des mi-dieux, il y a des demi-mortels, c'est Perséphone qui est condamnée aux ténèbres au tiers de l'année. Il faudrait faire tout un travail sur la question du défaut que partage avec les mortels de sa susceptibilité. Chez Hésiode c'est cette susceptibilité, ce défaut qui s'appelle Elpis qui va donner l'Iris. À la fois, la concurrence et l'émulation. La guerre qui va encourager à l'élévation. Pour se venger de l'enlèvement du vol de Perséphone, Déméter sa mère... Elle cache le grain de vie, Bios (blé, vie) si bien que la famine menace les hommes et par suite les cultes des dieux. Déméter est en colère, Zeus dit non, il ne faut pas qu'il meurt. Donc il y a un compromis qui est passé entre Zeus, Déméter et Hadès. Sa fille lui sera rendue par les 2 tiers du temps. 2 tiers de l'année à l'Olympe, l'autre tiers pendant l'hiver, elle restera dans l'Hadès. Cette alternance correspond à la végétation du blé, et Perséphone est le grain qui après avoir séjourné dans le sol réapparait avec des nouvelles pousses. Ça ne veut pas dire qu'il est immortel; ça veut dire à partir du mort il y a du vivant... Le chêne a besoin de ses feuilles mortes pour se nourrir, pour pousser. Il se nourrit de sa propre mort. La théogonie en donne une version complémentaire qui nous achemine au sens le plus profond de la blessure du défaut. Dans Hésiode, c'est Zeus qui enfuit le Bios, ce n'est plus Déméter. Prométhée l'a trompée, lui a caché les bonnes parties du sacrifice. Il lui a mis les os à la place des viscères, il se fâche, j'enfuis le Bios. Et du coup, vous allez être dans Ponos (du manque, du besoin). Le mortel qui sera estimé, payé à Perséphone le prix de sa blessure antique, de son défaut et du défaut qui le frappe lui-même entant que mortel. Et qui est la technicité et le pharmakon. Ce mortel, il reviendra en haut, comme le grain de blé retourne en croissance dans la traversé de l'hiver...

La vie est à la fois la croissance, l'élévation... Mais c'est aussi le retour, sur la surface de la terre et dans l'hiver. Ces profondeurs, ces racines dans lesquelles, il faut redescendre : dans le processus d'individuation.

Les spirales dont les fantômes parlent en nous, lorsque nous disons quelque chose d'intéressant. Comme Socrate, ça s'arrête et ça se met à parler en nous. Ça donne se que Blanchot appelle le savoir impersonnel, l'écriture, la littérature.

Socrate ajoute ces âmes-là donnent naissance à des brillants souverains, mais il ne faut pas entendre que ces âmes sont immortels. Au delà, ce que dit le mythe tragique, au fond de toute vie une différence incommensurable entre mortels et immortels. C'est ce que redira Diotima. On est mortel, on ne peut pas être immortel, ce n'est pas possible. Elles viennent hanter des âmes vivantes qu'elles rendent par là même souveraine et elles en sont les démons. Le mortel souverain reçoit de la morte venue l'habiter un destin lui-même exceptionnel. Qui le voue à transmettre à son tour, la gloire de Perséphone. C'est un processus de transmission. Il y a là une chaine de transmission à celles où l'enthousiasme de "ION". Premier dialogue de Platon. Socrate lui dit, tu transmets ce que les muses t'ont transmis et moi qui t'écoute, je vais le transmettre à mon tour, etc. Il appelle ça la chaine magnétique, il y a une transmission d'un magnétisme. Un fluide magnétique qui remonte à la muse, par l'intermédiaire d'Homère, dit Socrate. Socrate ne parle que des poètes en permanence. Et d'un processus de transmission. Il ne s'agit que de transmission, non pas d'immortalité. Si Socrate ne peut pas fuir pour la Crête, s'il préfère mourir à Athènes. C'est parce que la vertu, ne peut consister qu'à la condition de se transmettre à travers des exemples. Et ce qui fait que la vertu se transmet à travers les exemples ; c'est que je suis habité par des âmes qui viennent me hanter mais positivement et qui me donne le courage. Qui est celui de Socrate ici par exemple. Le courage de Socrate est appuyé sur celui d'Homère, d'Orphée, d'Hésiode, etc.

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Ces exemples de courage sont le prix payé à Perséphone. Le prix c'est la mort. Le coq est en prime, tout à la fin de Criton. Socrate vient de boire la cigüe et dit : va sacrifier un coq à Esculape. Esculape est le dieu du pharmakon. Et puis, il est mort, c'était ses dernières paroles. La réminiscence, c'est le sujet dont nous parlons, c'est de l'anamnésis (Socrate a dit à Ménon, je peux connaitre ce que c'est la vertu, c'est parce que je me ressouviens, je la redécouvre... Mais je la savais déjà. Cela s'appelle une anamnesis, une réminiscence. La réminiscence c'est la mémoire des héros. Le retour des morts signifie la spiritualité de la mémoire. La mémoire est pleine d'esprits, au sens de l'Atê. Lorsqu'il y a une véritable mémoire, non pas une hypomnésis (le fait d'aller acheter une baguette). Non, une anamnésis, une vraie réactivation de la mémoire profonde. Les exemples sur lesquels je m'appuie, reviennent, souviennent.

C'est ce qui refait signe comme le blé au printemps. Vous aviez que l'impression tout était mort, tout était gris.

Plus rien ne disait rien, ça avait l'air d'être foutu et puis un rayon de soleil arrive. Ainsi dit Socrate, entant que l'âme est immortelle, en ce sens-là, et qu'elle a eu plusieurs naissances, en tant qu'elle a vu tout autre chose, aussi bien celle d'ici bas de chez celle de Hadès, il n'est pas possible, qu'il y ait quelque réalité qu'elle n'est point apprise.

Voilà, ce que répond Socrate contre son aporie. Bien sûr qu'elle est immortelle, qu'elle revient, cela ne veut pas dire qu'un mortel n'est plus un mortel. Ça veut dire que c'est un mi-dieu.

Par conséquent ce n'est pas du tout miracle que concernant la vertu comme le reste elle soit capable de se ressouvenir de ce dont même elle avait certes auparavant savoir.

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Comment interpréter cela? Socrate dit que l'âme est immortelle, mais NON! Moi, je ne crois pas, lui le dit. Est-ce qu'il faut "poser" l'âme au corps? Et que du coup, l'âme ne serait plus mortel, je ne crois pas.

On doit interpréter ces multiples naissances de l'âme dans l'horizon de la Grèce tragique...

Toutes anciennes races d'hommes qui ont donné leur nom aux temps révolus, à l'âge d'or, sous le règne de Cronos, puis à l'âge de l'argent et de bronze, enfin l'âge héroïque, sont encore présentes démons souterrains, hôtes aux confins de l'Océan, de l'île des bienheureux.
Jean- Pierre Vernant


Il faut ici faire une pause dans la lecture de Ménon et réfléchir ce qui se passe dans le champ de la mémoire, chez les Grecs en particulier. Entre la poésie orale, dont vient le Conglomérat hérité qui provient des natifs de la mythologie (de l'époque d'Homère) et les natifs de la lettre qui sont ceux du logos (Socrate, Platon). Il faut essayer ce que c'est la mémoire dans ces sociétés-là, avant l'écriture jusqu'à l'écriture. Vernant souligne le caractère construit et en cela artificiel et factice de toute mémoire humaine. Comme l'attention... "L'Enfant sauvage"... tout ce qui est digne d'attention c'est de reconstruire de l'attention, mais l'attention cela se détruit.

Et aujourd'hui, on la détruit d'une manière industrielle. Et la première pathologie de la jeunesse mondiale. Au lieu de mettre Socrate en procès, il faudrait mettre en prison ceux qui laissent faire cela. Non pas pour les faire boire la cigüe, mais pour les enfermer avec des télévisions en prison pendant 20 ans. Ce qu'on fait aujourd'hui en prison d'ailleurs et c'est une honte. Parce qu'on enferme les taulards, dans les prisons avec les télévisions pour les rendre encore pire, c'est terrible! Cette condamnation à vivre avec la télévision.

En prison? Je fais une émeute pour avoir des ordis et apprendre!

Il n'y a pas que l'attention qui se forme, la mémoire aussi. La mémoire n'est pas quelque chose d'innée, nous ne naissons pas avec une mémoire. Nous n'avons pas une faculté de mémoire... La mémoire que nous parlons, ici, celle qui est anamnésique, celle qu'on peut se souvenir de ce que c'est la vertu, qu'est-ce que c'est le triangle. Cette mémoire-là, il faut l'acquérir. La mémoire entant qu'elle se distingue de l'habitude représente une difficile invention, une conquête progressive par son passé individuel. La mémoire on ne l'acquiert pas comme ça. Il y a de l'anamno-technique et dans toutes les sociétés... C'est sur ce fond que se pose la question de l'anamnésis. Les documents qui servent de base à notre étude porte sur la divinisation de la mémoire et sur l'élaboration d'une vaste mythologie de la réminiscence. Vous voyez bien que Socrate sort ça de sa tête. Donc, se n'est pas Socrate quoi sort l'histoire de l'anamnésis, c'est la culture du Conglomérat hérité.

Dans le panthéon grec figure une divinité qui porte le nom d'une fonction psychologique : Mnèmosunè (Déesse), Mémoire.

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Les facultés psychiques et les états mentaux sont des acquisitions culturelles et elles font d'abord d'objet de culte à des divinités et à travers des divinités. Les grecs rangent au nombre de leurs dieux des passions et des sentiments; Éros (désir), Aïdôs (la honte), Phobos (la crainte). Tout ça ce sont des affects, des passions, des états mentaux. Mais aussi des facultés d'esprit, Mètis (l'intelligence) Atè, Lyssa. Bien des phénomènes d'ordre, à nos yeux, psychologique peuvent ainsi l'objet d'un culte. Dans le cadre d'une pensée religieuse, ils apparaissent sous forme de puissances sacrées, dépassant l'homme et le débordant alors même qu'il en éprouve au-dedans de lui la présence. C'est l'Atè, chez les grecs quand ils se sentent habités par ses passions, ils sont le sentiment qu'ils ont une force qu'ils les dépassent est enjeu. Et c'est encore cela, le Daimôn qui vient arrêter Socrate qui parle et qui est un héros, pas forcement un dieu. Ça peut-être un demi-dieu ou une demi-déesse.

Bien avant l'écriture, la préoccupation de la mémoire est un trait majeur dans la société orale grecque et mythologique. La question de la mémoire qui obsède Platon, Socrate... et bien elle obsède déjà l'époque d'Homère. Le pouvoir de remémoration, avons-nous rappelé, est une conquête ; la sacralisation de Mnèmosunè marque le prix qui lui est accordée dans une civilisation de tradition purement orale comme le fut, entre le VIIe et le VIIe siècles, avant la diffusion de l'écriture, celle de la Grèce.

Le mnèmôn - personnage qui garde le souvenir du passé en vue d'une décision de justice... La poésie c'est d'abord une technique, cela sert à garder la mémoire. Les poètes on les forme, on les élève, on les entretient pour qu'ils conservent la mémoire collective.


On peut se demander si, au stade de l'écrit, la fonction de la mémoire n'est pas quelque peu en régression.


Tout à coup, où l'écriture apparait, la mémoire du poète semble s'affaiblir. Du coup, cette société qui reposait sur la mémoire du poète va s'opposer à ceux qui sont les natifs de la lettre à ceux qui apparaissent, Il va y avoir ce conflit entre l'écriture et la parole. Et ça Platon va le prendre à son compte, en accusant les sophistes. D'utiliser l'écriture et de détruire la mémoire. C'est compliqué, car en même temps, Platon va accuser les poètes, d'être des techniciens, hors que ce sont les poètes qui jouaient se rôle de mémoire.


Mnèmosunè, c'est la déesse des poètes, il y a des patrons des patronnes dans le monde des chrétiens, il y a des dieux et des déesses dans le monde Grec. Saint Christophe, saint des voyageurs. Chez les grecs il y a des demi-dieux. Mnèmosunè est la déesse des poètes et les poètes qui sont-ils? Ce sont des possédés, ils s'inscrivent comme Socrate, dans la question du daimônique et de l'Atè. Ils sont possédés, mais ils sont possédés par des êtres hors du commun. Ils sont possédés par ces êtres qui reviennent que Perséphone fait revenir régulièrement. Et ils sont hantés par ces êtres exceptionnels et deviennent exceptionnels eux-mêmes. Et du coup, on ne les oublie pas et en cela, ils sont proches des devins.

Mnèmosunè préside, on le sait, à la fonction poétique. Que cette fonction exige une intervention surnaturelle, cela va de soi pour les Grecs. La poésie constitue une des formes typiques de la possession et du délire divins, l'état d'"enthousiasme" au sens étymologique. Possédé des Muses, le poète est l'interprète de Mnèmosunè, comme prophète, inspire du dieu, l'est d'Apollon.

Les poètes se sont ceux qui interprètent Mnèmosunè d'une manière exceptionnelle. Ils font référence mais ils sont aveugles.

Aède et devin ont en commun un même don de voyance, privilège qu'ils ont dû payer au prix de leurs yeux. Aveugles à la lumière, ils voient l'invisible. Le dieu qui les inspire leur découvre, dans une sorte de révélation, les réalités qui échappent au regard humain. Cette double vue porte en particulier sur les parties du temps inaccessibles aux créateurs mortelles : ce qui a eu lieu autrefois, ce qui n'est pas encore. Le savoir et la sagesse, la sophia, que Mnèmosunè dispense à ses élus est une "omniscience" de type divinatoire. La même formule qui définit chez Homère l'art du devin Calchas s'applique, chez Hésiode, à Mnèmosunè : elle sait - et elle chante--"tout ce qui a été, tout ce qui est, tout ce qui sera". Mais, contrairement au devin qui doit le plus souvent répondre à des préoccupations concernant l'avenir, l'activité du poète s'oriente presque exclusivement du coté du passé. Non son passé individuel, ni non plus le passé en général comme il s'agissait d'un cadre vide...

À un autre temps, l'esclave accède à un autre temps. Ce n'est pas notre temps, ils passent dans un autre temps.

Il n'y a pas QUE le problème de l'attention des jeunes, mais bien ce passage car Internet amplifie ça! C'est une autre façon de penser, de voir, et aussi par soi-même. Car sur internet, j'arrive à voir ceux qui viennent de la tv qui sont là, observent, consomment pas avec une souris en main, mais la souris est comme une télécommande. D'autres apprennent et voient l'invisible...

Et si personne n'est là dans ce néant, des "fantômes" viendront...

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L'équivalence entre savoir et réminiscence, c'est ce qui vient du conglomérat hérité. C'est ce qui est hérité par toute culture tragique et archaïque.

Se souvenir, savoir, voir, autant de termes qui s'équivalent. Un lieu commun de la tradition poétique est d'opposer le type de connaissance qui appartient à l'homme ordinaire : savoir par ouï-dire reposant sur le témoignage d'autrui, sur des propos rapportés, à celui de l'aède en proie à l'inspiration et qui est, comme celui des dieux, une vision personnelle directe. La mémoire transporte le poète au cœur des événements anciens, dans leur temps. L'organisation temporelle de son récit ne fait que reproduire la série d'événements, auxquels en quelque sorte il assiste, dans l'ordre même où ils se succèdent à partir de leur origine.

Le temps originel ; le temps du défaut

Présence direct au passé, révélation immédiate, don divin, tous ces traits, qui définissent l'inspiration par les Muses n'excluent nullement pour le poète la nécessité d'une préparation et comme d'un apprentissage de son état de voyance. Pas d'avantage l'improvisation au cours du chant n'exclut le recours fidèle à une tradition poétique conservée de génération. Au contraire, les règles mêmes de la composition orale exigent que le chanteur dispose, non seulement d'un canevas de thèmes et de récits, mais d'une technique de direction formulaire qu'il utilise toute faite et qui comporte l'emploi d'expressions traditionnelles, de combinaisons de mots déjà fixées, de recettes établies de vérification. Nous ne savons pas comment l'apprenti chanteur s'initiait, dans les confréries d'aèdes...

Dans l'improvisation, ils écrivent une nouvelle séquence du catalogue, qui va être reproduite par d'autres... et c'est comme ça que la mémoire se dépose, se sédimente.

L'élève était dressé à l'art de la composition dans des chambres basses, sans fenêtres, en pleine obscurité. C'est en raison de cette habitude de composer dans les ténèbres qu'un poète se dépeint lui-même. "Les paupières tirées comme un rideau pour le protéger de la lumière du jour"... "Pour lui (Homère), comme pour tous les aèdes, versifier était se souvenir".

Ces recueils peuvent paraître fastidieux. La prédilection que leur marquent Homère et, plus encore, Hésiode montrent qu'ils jouent de leur poésie un rôle de première importance. C'est à travers eux que se fixe et se transmet le répertoire des connaissances qui permet au groupe social de déchiffrer son "passé". Ils constituent comme les archives d'une société sans écriture, archives purement légendaires, qui ne répondent ni à des exigences administratives, ni à un dessein de glorification royale, ni à un souci historique. Elles visent à mettre en ordre le monde des héros et des dieux, à en dresser une nomenclature aussi rigoureuse et complète que possible. Dans ce répertoires de noms qui établissent la liste des agents humains et divins, qui précisent leur famille, leur pays, leur descendance, leur hiérarchie, les diverses traditions légendaires sont codifiées, la matière des récits mystiques organisée et classée.

Évidement l'écriture rentrera en conflit avec ces archives à un moment donné. Ce que nous vivons entre Socrate et Platon, c'est l'époque de ce conflit où tout à coup, l'écriture s'étant développée très fortement. Il y a un clash! Qui s'opère et Socrate va le payer de la cigüe. Toi, le natif de la lettre t'a foutu en l'air toutes les croyances de la société. Tu fais que ces jeunes athéniens, ne croient plus en rien. Socrate dit non, c'est autre chose qui fait qu'ils ne croient plus en rien. C'est à cause de vous, des sophistes (ils ne les accusent pas) mais c'est évidement ça qui est enjeu. C'est l'écriture qui s'est répandue dans la cité qui est devenue entre les mains des sophistes un poison, mais qui est l'origine de Socrate. Socrate écrit évidement. Qui fait que tout évolue et que la poésie elle-même change de statue donne la poésie lyrique. Elle donne une poésie, où cette fois, le poète a entre ses mains une lyre. Mais qui renvoie toujours à la nuit des temps et aux aveugles. Et ça n'a pas disparu les poètes aveugles... Ray Charles, Stevie Wonder...

L'écriture qui est une technique qui vient suppléer un défaut de mémoire, et que tous ces gens-là, Stevie Wonder, Orphée, Perséphone, les mortels...

Tous ceux-là ont à faire au défaut et ils compensent ce défaut, il transforme le défaut dans ce qu'il faut.

L'apparition de l'écriture modifie le rapport à la poésie qui devient littérature, écriture au sens littéraire du terme et qui se substitue à la fonction mnémotechnique de la poésie. La poésie a perdu sa fonction sociale. Elle en prend une autre... Qui vient à travers en particulier d'Hésiode puis Sophocle, donner naissance, ce que nous nous appelons la littérature.

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Ça ne veut pas dire que les aspects, ce que Socrate appelle l'enthousiaste, les effets de possession ou les processus qui sont liés à la poésie, l'Atè, etc. La poésie orale d'abord, ensuite la poésie écrite qui sera ré-oralisée parce que la poésie écrite des Grecs, ils la reproduisent, ils la ré-oralisent dans des faits. C'est Agathon... Tout ça n'a pas disparu et c'est pour ça que Platon va les persécuter les poètes. Parce qu'ils gardent ce caractère enthousiaste, daimônique, tragique. Même s'ils pratiquent l'écriture, même s'ils ne sont plus des poètes de l'époque archaïque, ils gardent ça en eux. J'appellerai ça, le diachronique, ce que Platon va poursuivre dans la République. Tout ce qui n'est pas synchronisable, tout ce qui constitue de la singularité. Qui est en fait une expression du désir, dont les artistes sont les représentants publics. Il y a une fonction mystagogique dans tout cela que Platon voudra réfréner.

Infiniment tout, Infiniment rien


























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Compréhension

Mot clé

Trouble


Rouge = MOI - SOI
GRIS = VOUS
BRUN = Tertiaire - MONDE
Orange = Poisson noétique
Turquoise = Personnages
Bleu = Oeil du cyclone - Mort
Rose = Les sophistes
Vert = Les questions

Par rapport à nous ~~~~~~~~~~~ Par rapport à soi




Cours en différé du 26 février 2011- Cours9 - 2 de Bernard Stiegler à l'école de philosophie d'Epineuil le Fleuriel,




Avril 2015